Femmes au jardin (1866)
Paris, musée d'Orsay - Huile sur toile - 233 cm x 205cm
Renforcé financièrement par ses succès au salon de 1866, Monet s'installe à Sèvres et tente de prendre sa revanche sur l'échec du Déjeuner sur l'Herbe (
NDLR: oeuvre de Manet). Pour rompre enfin avec le processus traditionnel de création, il doit achever un oeuvre de grand format en plein air. Ainsi, il met au point un système de tranchée et de poulie qui lui permet de hisser la toile, malgré sa grande taille, à la hauteur voulue pour peindre. Si Monet prend ici le modèles des femmes bourgeoises du Déjeuner sur l'Herbe, et notamment Camille dans les figures de gauche, elles sont ici seules dans leur jardin.
Son style évolue vers un renoncement aux aplats de couleurs pur détailler la peinture en petites touches. Refusée au Salon, cette oeuvre est exposée dans une boutique puis achetée au prix fort par Bazille, qui fournit à son ami une rente régulière.
© RMN (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Claude Monet, né le
14 novembre 1840 à Paris et mort le
5 décembre 1926 (à 86 ans) à Giverny, est un peintre français, l'un des fondateurs de l'impressionnisme, peintre de paysages et de portraits.
Né Oscar-Claude Monet, au 45 rue Laffitte à Paris, il grandit au Havre et est particulièrement assidu au dessin. Il commence sa carrière d'artiste en réalisant des portraits à charge des notables de la ville. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'
Eugène Boudin et grâce à l'aide de sa tante. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de
Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture grâce à La Femme en robe verte représentant Camille Doncieux qu'il épouse en 1870. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la guerre de 1870 à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui sera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874.
En 1876, il rencontre Ernest Hoschedé, un mécène qui va rapidement faire faillite. En 1878, ce dernier, sa famille et celle de Monet emménagent dans une maison commune à Vétheuil. La mort de Camille en 1879 et les nombreuses absences d'Ernest, conduisent au rapprochement de Monet avec Alice Hoschedé. En plus de peindre intensivement la Seine, Claude se rend régulièrement sur la côte Normande pour peindre. En 1883, lui et la famille Hoschedé déménagent définitivement à Giverny. Ce déménagement correspond environ à la fin des ennuis financiers, Monet devenant même fortuné à la fin de son existence. Monet ne se montre cependant pas particulièrement généreux avant ses toutes dernières années. Après l'emménagement, il effectue un séjour à Bordighera, sur la côte d'azur puis à Belle-Île-en-Mer.
À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. Il commence par les Meules, puis réalise Les Peupliers, la Série des Cathédrales de Rouen, celle des Parlements de Londres et Les Nymphéas de son jardin, qu'il décline en grande format pour peindre les grandes décorations. En effet, depuis 1903, Monet s'adonne intensivement au jardinage. En 1908, il peint également à Venise mais sans faire de série.
La fin de sa vie est marquée par le décès d'Alice et d'une cataracte qui affecte son travail. Il s'éteint à 86 ans d'une infection pulmonaire.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres.
D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet est un grand travailleur qui n'hésite pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière :
« Qu'y-a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».